Le département de la Charente a été habité dès la plus haute antiquité. De nombreux vestiges de l’industrie du paléolithique inférieur y sont recensés.
Nersac possède sur son territoire des traces de la présence préhistorique. son sol a révélé des outils, des bifaces de type acheuléens que l’on peut dater de 300 000 à 100 000 ans avant notre ère. Ces silex taillés sur les deux faces, en triangle ou en amande servaient principalement d’armes, d’où leur appellation commune de « coup-de-poing ».
La présence humaine a été continue puisque le nom même de la ville de Nersac provient de celui d’un homme gaulois nommé Narsacius. Cependant, il ne subsiste aucun vestige visible de la période gallo-romaine.
Puis, la cité devient paroisse à la fin du IV° siècle lorsque des villages dans les vallées de la Charente et de la Boëme se rassemblent autour d’un même lieu de culte.
Une première église est consacrée en 887 et donnée l’année suivante à l’abbaye de Saint-Cybard qui y établit un prieuré. Cette première église est détruite par les normands aux X° et XI° siècles.
L’édifice actuel, dédié à Saint Pierre date du XII° siècle pour ses parties les plus anciennes.
Mais la ville de Nersac, de par sa situation géographique (en bordure de la Charente et proche d’Angoulême), prend toute son ampleur à partir du Moyen Age avec l’apparition de plusieurs châteaux et logis.
Mais ce qui a contribué principalement à l’essor de la ville a été le développement de bâtiments industriels le long de la Boëme qui leur fournissait la source d’énergie dont ils avaient besoin.
Ce ruisseau, qui rejoint la Charente non loin du bourg est l’un des plus important du département. Il a assuré, à travers les siècles, la qualité précieuse de la production de l’industrie charentaise des moulins à papier.
La fabrication du papier a été la première activité industrielle de la ville et lui a permis de se développer économiquement.
Il existe peut être en France une centaine de vallées qui ont été des lieux d’une industrie traditionnelle.
C’est le cas de la vallée de la Boëme qui depuis le XVIIème siècle a perpétué la tradition de la fabrication du papier.
En 1656, on dénombrait pas moins de 26 moulins à papier le long de la rivière de la Boëme dont 5 se trouvaient sur la commune de Nersac.
La fabrication du papier s’est maintenue à Nersac au cours des siècles, comme à l’ancien moulin à farine de Fleurac transformé en moulin à papier en 1978. Celui-ci a produit du papier tel qu’il était fabriqué au XVIIème siècle : processus de transformation du chiffon (peille), réduit en pâte sous les coups des maillets de la pile hollandaise du XVIIIème siècle (bac en bois). Puis une fois la pâte chauffée dans une cuve de façon à la rendre homogène, de la forme rectangulaire plongée dans le bain laiteux émergeait une feuille de papier couchée sur un feutre et ainsi de suite jusqu’à obtention d’une pile de feuilles qui dégorgeait son excédent d’eau sous l’action d’une presse à cabestan manœuvrée à bras d’hommes.
Le plus fidèle client du Moulin de Fleurac a été la Bibliothèque Nationale qui utilisait le papier pour restaurer ses livres. Il n’existe plus que 4 moulins qui produisent le papier de cette façon dont 1 en Charente.
Aujourd’hui, le moulin de Fleurac est une propriété privée.
Parallèlement à l’industrie papetière, se développe la fabrication des feutres pour papeterie.
C’est à partir de la seconde moitié du XIXème siècle qu’apparaissent à Nersac les usines de fabrication de feutre pour la papeterie. Celles-ci vont peu à peu supplanter les moulins à papier et devenir l’activité essentielle de la commune.
Industrie complexe, exigeant un matériel considérable et devant s’adapter aux besoins des fabricants de papier, elle acquiert une notoriété en Charente qui en fait la première de France. D’ailleurs, la plus vieille et la plus importante société française est celle créé par Monsieur Jean Alexandre Debouchaud à Pombreton, commune de Nersac, en 1834. Les fabricants de feutre ont occupé les anciens bâtiments des papeteries, utilisant les roues des moulins pour faire actionner leurs machines.